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Pourquoi tant de Français se battent-ils pour économiser sur leur facture d’électricité sans se rendre compte qu’ils pourraient être en train de jouer à la roulette russe avec leurs économies ? En effet, près de 50 % des foyers ont choisi l’option des heures creuses, une bouteille à la mer dans l’océan complexe de la consommation électrique. Pourtant, des études récentes soulignent que pour un ménage sur deux, cette stratégie s’avère être un mirage économique. Dans cet article, nous explorerons les subtilités de cette pratique apparemment avantageuse et comment elle se heurte à l’équilibrage délicat du réseau électrique.
Il est estimé qu’approximativement 50 % des Français ont opté pour l’option d’heures creuses, une pratique qui s’est ancrée dans leurs habitudes. Cette option est devenue si essentielle que tous les fournisseurs d’électricité l’incluent dans leurs offres. Cependant, après avoir réalisé de nombreuses analyses concernant la consommation d’électricité en France, un constat surprenant est apparu : en moyenne, les heures creuses ne sont pas rentables pour un ménage sur deux qui a choisi cette option ! Cela signifie que dans certains cas, faire tourner ses appareils électroménagers durant la nuit peut s’avérer inutile, même pour le réseau électrique ! Alors, quel lien existe-t-il entre le réseau électrique et les heures creuses ? Nous allons vous expliquer pourquoi la rentabilité des heures creuses est désormais détachée de l’équilibre du réseau électrique.
Sommaire
- 1 Heures creuses : de quelle rentabilité s’agit-il ?
- 2 L’impact de l’ouverture à la concurrence sur la rentabilité des heures creuses
- 3 Les nouveaux modes de production et de consommation remetttent en question l’idée de rentabilité des heures creuses
- 4 Ce qu’il est essentiel de retenir sur les heures creuses et l’équilibrage du réseau électrique
Heures creuses : de quelle rentabilité s’agit-il ?
Avant d’être assimilés à des consommateurs insouciants souhaitant causer un désordre au sein du réseau électrique, prenons un moment pour clarifier la situation !
Optimisez vos dépenses énergétiques
Les heures creuses pour une meilleure gestion du réseau électrique
L’option des heures creuses a été initialement instaurée pour favoriser l’équilibre du réseau électrique, en incitant financièrement les particuliers. Un peu comme les enseignes de hard-discount qui cassent les prix pour écouler leurs invendus, les heures creuses encouragent les Français à consommer de l’électricité à des moments où l’offre est excédentaire.
Deux raisons principales expliquent cette stratégie :
- En France, plus de deux tiers de l’électricité est produite par des centrales nucléaires, qui fonctionnement de manière continue, de jour comme de nuit, sans possibilité d’ajuster leur production selon la demande.
- Cette électricité ne peut pas être stockée, ce qui fait qu’elle doit être immédiatement consommée lorsqu’elle est produite. S’il n’y a pas de problème durant la journée, la nuit, l’offre dépasse souvent la demande.
Ainsi, les heures creuses incitent les consommateurs à utiliser de l’électricité, notamment durant la nuit ou en après-midi, à un tarif réduit comparativement aux heures pleines.
Optimiser sa facture d’électricité avec les heures creuses
L’option d’heures creuses présente donc une opportunité pour les usagers qui acceptent de consommer plus d’électricité durant les périodes de surplus sur le réseau, leur permettant d’accéder à des prix plus bas. Toutefois, comme peu de gens vivent la nuit et dorment le jour, cette option est particulièrement avantageuse pour les foyers équipés d’appareils à départ différé, tels que les chauffe-eaux, les machines à laver et les lave-vaisselles. Étant donné que leur consommation est significative, les faire fonctionner la nuit s’avère économiquement intéressant.
Cette habitude a été transmise de génération en génération, nombre d’entre nous ayant grandi avec l’idée que l’électricité coûtait moins cher durant les heures creuses. Cependant, il ne faut pas oublier que, en réalité, le tarif n’est plus systématiquement plus bas pour ceux qui ont souscrit à cette option par rapport à des logements similaires n’ayant pas les heures creuses. Si vous souhaitez approfondir ce sujet, n’hésitez pas à consulter les évolutions récentes de la rentabilité des heures creuses.
Qui bénéficie réellement des heures creuses ?
Nous voilà maintenant au cœur de la problématique : l’incitation financière de l’option heures creuses était avantageuse, tant pour le gestionnaire du réseau qu’auprès du consommateur. Néanmoins, lorsque cette option ne présente plus d’avantages financiers pour le consommateur, doit-on continuer à la conserver et à contribuer à l’équilibre du réseau au prix d’une facture plus élevée ?
Heureusement, ce choix n’est pas nécessairement synonyme de coûts accrus ! En effet, il est tout à fait possible de participer à l’équilibre du réseau électrique tout en évitant une facture gonflée. Dans le cas où les heures creuses ne sont plus rentables et que vous désirez toujours soutenir l’équilibrage du réseau, les choix qui s’offrent à vous sont simples :
- Maintenir des usages durant la nuit tout en optant pour l’option heures creuses, ce qui entraîne des coûts plus élevés.
- Continuer d’utiliser des appareils la nuit sans l’option heures creuses, ce qui permet de bénéficier d’une facturation moins coûteuse via l’option de base.
Le choix est entre vos mains !
L’impact de l’ouverture à la concurrence sur la rentabilité des heures creuses
À l’époque de nos parents, bénéficier de l’option heures creuses était plus avantageux, alors qu’est-ce qui a évolué pour en rendre l’attrait moins évident aujourd’hui ?
Rôle des fournisseurs d’électricité dans l’équilibre du réseau
Une partie de la réponse réside dans l’évolution du paysage énergétique. Alors que nos parents n’avaient accès qu’à EDF, la libéralisation progressive du marché a redistribué les rôles avec la séparation d’EDF en plusieurs entités :
- EDF continue d’exploiter des centrales de production d’électricité.
- RTE est responsable du transport de l’électricité.
- Enedis se charge de la distribution de l’électricité.
- EDF est toujours fournisseur d’électricité.
Les activités de transport et de distribution sont désormais dédiées à la gestion du réseau électrique, tandis qu’EDF, en tant que producteur et fournisseur, n’est plus impliquée dans cette gestion. Pourtant, l’incitation financière pour équilibrer le réseau émanait d’EDF, mais celle-ci semble désormais moins motivée à le faire, car le réseau ne fait plus partie de ses responsabilités. C’est ainsi que l’option heures creuses a progressivement perdu de son attrait au fil des changements de tarifs depuis 2007.
Pour illustrer ce phénomène, les offres Tempo et EJP, qui avaient pour objectif d’encourager une consommation différenciée de l’électricité selon les plages horaires, sont aujourd’hui en déclin. EDF ne les commercialise plus (EJP) ou ne les propose que sur demande (Tempo). En revanche, l’option heures creuses est plus difficile à retirer, en raison du nombre conséquent de foyers y ayant souscrit, ce qui explique pourquoi cette option perdure, même si les prix deviennent de moins en moins attractifs.
Les taxes et la rentabilité des heures creuses
Revenons à l’objet principal des heures creuses, qui était de favoriser l’équilibrage du réseau via une incitation économique. En effet, le fait que l’option heures creuses soit de moins en moins lucrative réside dans le manque d’intérêt croissant des fournisseurs d’électricité à équilibrer le réseau, car cela ne fait plus partie intégrante de leur fonction. En réalité, il incombe désormais à RTE et Enedis, qui sont des services publics, de gérer cet équilibre. Et ces entités se financent par le biais de taxes, qui représentent presque deux tiers de votre facture d’électricité. Il n’est donc pas nécessaire de s’inquiéter d’un effondrement du réseau électrique si la consommation durant les heures creuses diminue. De nos jours, RTE et Enedis ont la responsabilité d’assurer cet équilibre, et les taxes que nous réglons tous contribuent à cet objectif.
Nouveaux modes de production et de consommation remettent en question la rentabilité des heures creuses
En vérité, il existe aujourd’hui des alternatives aux heures creuses pour contribuer à l’équilibre du réseau. Dans un premier temps, la loi de transition énergétique favorise une diminution progressive de la production nucléaire au profit d’autres sources qui possèdent leurs propres enjeux en matière de consommation. Par exemple, l’hydraulique est mieux en mesure de gérer la variation de la demande. Les énergies renouvelables, quand à elles, possèdent des courbes de production qui diffèrent totalement de celles du nucléaire : il est donc possible que des périodes d’heures creuses se manifestent en pleine après-midi, lors des pics de production solaire, où l’électricité est en surplus à consommer.
De plus, plusieurs fournisseurs ont développé de nouvelles notions d’heures creuses, même si le terme “heures creuses” n’est pas explicitement employé. Engie, par exemple, propose des offres pour les week-ends, où le coût de l’électricité est réduit comparativement à la semaine. Direct Energie offre également des créneaux dits “super creux”. Dans ces deux cas, le fournisseur redéfinit la période optimale pendant laquelle il souhaite inciter le consommateur à consommer.
À retenir sur les heures creuses et l’équilibrage du réseau électrique
- Les heures creuses ont été conçues pour inciter les Français à consommer de l’électricité lorsque la demande est faible.
- Actuellement, l’incitation financière est moins atractive car les fournisseurs d’électricité n’ont pas d’intérêt à maintenir l’équilibre du réseau, puisque ce n’est plus de leur ressort.
- Il est possible de contribuer à l’équilibre sans avoir à faire face à une facturation plus élevée : il suffit de consommer durant les heures creuses sans forcément choisir l’option dédiée.
- La définition même des heures creuses pour la gestion du réseau électrique évolue avec les nouveaux modes de production et de consommation.